Une
vie en communauté
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La
vie de la première communauté chrétienne abrita l'évangile à sa naissance. Le
livre des Actes des Apotres écrit peu de temps après les évènements,
(vers 60-65) par un homme qui n'était pas un témoin direct, baignait encore
dans la tradition la plus vivante.Combien étaient ces tout premiers fidèles?
Il est presque impossible de le dire. Actes 1;15 indique le chiffre de cent vingt,
et Paul 1 Cor.15;6 parle de cinq cents personnes qui auraient vu ensemble
paraitre Jésus réssucité. Ces données se rapportant à l'extreme debut, rien
ne prouve, qu'il s'agisse là de tous les menbres de la communauté naissante.
A
la suite du premier discours de Pierre, Actes 2;42 nous apprend que ,d'un coup
trois mille personnes adhérèrent à la foi nouvelle. Plus tard, il est question
de cinq mille adeptes (Actes 4;4). vers 35 ou 37, Jerusalem comptait quelques
milliers de croyants. Les Apotres, les premiers témoins de Jésus, jouissaient
d'une grande autorité morale. Le chiffre de douze
auquel Jésus a arreté leur petit troupe a une valeur
de signe, car à peine le suicide de Judas à-t-il
eut lieu, Pierre (qui semble occuper une place de
premier rang) a demandé aux autres de le remplacer,et
le collège apostolique ayant proposé deux candidats,
l'Esprit-Saint, par la voie d'un tirage au sort
désigna Mathias (Actes1;15,26). Eusèbe, le premier
des historiens chrétiens, recueillant au IVe siècle
des traditions autres que celles des évangiles et
des Actes, insistera sur le role de Jacques, dit
"le frère du Seigneur". C'est un personnage
qui ne buvait ni vin, ni boisson enivrante, et dont
la peau des genoux était devenue calleuse comme
celle des chameaux, tant il restait agenouillé en
prières. Trois principes fondamentaux constituerons
par la suite les bases de la vie religieuse chrétienne:
le baptême, l'imposition des mains, le repas communautaire.
Le plus émouvant et le plus pratiqués de ces anciens
rites est celui de la communion. Les premiers fidèles
sont "assidus à l'enseignement des Apotres
et à la communauté, à la fraction du pain et aux
prières" (Actes,2,42). C'est sans doute par
la communion que les ces premiers croyants ont du
prendre consciensce de ce qu'ils étaient en vérité,
depuis que l'esprit avait soufflé sur eux: plus
qu'une assemblée amicale, qu'une réunion pieuse
ou que l'école d'un maitre, c'était une société d'hommes
vivant dans le Christ et pour lui, une communauté
de saints, une Eglise. De ceux qui dirigent la communauté,
beaucoup ont connu le Christ. Ils évoquent
des souvenirs personnels; lorsqu'il enseignait sur
le lac de Tibériade ou parmi la foule, aux parvis
du Temple. Tous ces détails sont rassemblés, et
ainsi s'élabore une catéchèse qui se fixera en tradition
orale avant de s'écrire et de devenir l'évangile.
Un trait important, les Actes rapportent que les
fidèles mettaient tout en commun. Ils vendaient leurs
champs et leurs maisons et apportaient le prix aux
pieds des Apotres pour distribuer ensuite à chacun
selon ses besoins(Actes,4, 32-35).
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Paul,
Héraut de L'Esprit
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Paul
marchait depuis huit jours sur la route sablonneuse
qui va de Jérusalem à Damas. Tout à coup, une lumière
jaillit du ciel et l'enveloppa. Il tomba à terre,
et il entendit une voix qui disait:"Saül,Saül,
pourquoi me persécute-tu?" Il bégaya: "qui
est-tu donc Seigneur?" La voix reprit:"
Je suis Jésus, celui que tu persécutes."Atterré
et tremblant, Saül murmura: "Seigneur, que
veux-tu que je fasse?" Et la reponse vint:"Relève-toi,
entre dans la ville,tu sauras ce qu'il te faudra
faire!" Les yeux grands ouverts, Saül ne voyait
plus rien(Actes,9). Agé d'une trentaine d'années,
Saül était un petit juif d'aspect peu glorieux.
Certains apocryphes grec du second siècle, dit les
Actes de Paul le décrive;" de médiocre
stature, trapu,les jambes torses, la tête chauve,
les sourcils touffus et joints, le nez bombé."
Pénétrant dans la ville,il se dirigea vers la maison
d'un juif nommé Judas, s'installa chez lui, refusant
de manger et de boire, attandant et priant. Ananias,
un
des premiers membres du minime noyau chrétien reçu
un ordre de Dieu pour aller imposer les mains à
Saül pour qu'il recouvre la vue. Et Saül vit. Persécuteur des chrétiens, lui qui avait gardé les
vêtements du martyr Etienne, ce garçon haineux et
arrogant, avait été choisi par Dieu. Saül naquit
à Tarse entre les années 5 et 10 de notre ère. Le
nom qui lui fut donné au jour de sa circoncision,
Schaoul(pronnonçer Saül) était pris dans la tradition
de sa tribu, celle de Binjamin. Il grandira
donc dans une ville grec, fansant partis d'un milieu
du plus pur judaisme,totalement fidèle. Sa famille
appartenait à la secte pharisienne. Vers quinze ou
seize ans, ses parents l'envoyèrent à Jerusalem
pour suivre les cours du plus grand Pharisien du
temps, Rabbi Gamaliel, pendant plusieurs années.
C'est vers 35 ou 36 sans doute que l'apparition
de Damas se situe; il commencera les grandes missions
pas avant 44 ou 45. De retour à Damas, il recommança
à parler du Messie et de sa foi dans les synagogues.
Grande surprise de celui qui, opparavant persécutait
les chrétiens, les foules lui pardonnairent difficilement
et lui tendirent un guet-apens. Il du s'enfuire.
A Jérusalem, de nouvelles difficultées l'attendèrent.
Actes 9, 29 nous dit "qu'il s'entretenait aussi
avec les Hellénistes et qu'ils cherchèrent à le
tuer". C'est en 42 ou 43, qu'il s'engagea au métier
de missionnaire. A Antioche, durant deux anx, il
participa aux assemblées de l'église, instruisant
maintes personnes. Soldat de Dieu,il milita la Bonne
Nouvelle durant 22 ans. Sans cesse en déplacement,il
prêche, il discute, il convainc, laissant sur ses
traces de nouvelles églises. Il trouvera aussi le
temps d'écrire ou plutôt de dicter, pour les communautés
naissantes, des lettres ou il conseille, ou il redresse.
Il gagnera sa vie du labeur de ses mains. L'action
de Paul se devise en deux grandes périodes. Dans la
première, il se confine à la region proche orientale,
Asie Mineure et Grèce, bassin égéen; dans la seconde(
à partir de 60), il travaille à Rome. On distinguera
trois
grands voyages qui se soldèrent par près de vingt
mille kilomètres parcourus en treize ans. De 45
à 49, Chypre puis l'Asie Mineure,les Hauts plateaux
de Pamphylie, de Pisidie, de Lycaonie, Derbé, Antioche
de Pisidie, Iconiom, Lystres et retour à Antioche.
la fin 49 le ramène à Jérusalem ou se tient le premier
"concile". Il repart vers L'Asie Mineure,
la Galatie, l'Europe, Philippes de Macedoine, Théssalonique,
Athènes, Corinthe, Ephèse et Antioche à la fin de
l'automne 52. Le troisième voyage ,six mois plus
tard, Ephèse, Corinthe, les bords de l'Adriatique,
puis les Iles d'Asie, Mitylène, Chio, Samos, Rodhes
et les ports de Syrie et de Palestine. Il revient
vers la Pentecote 58 à Jérusalem. Durant le premier
voyage, il guéri d'un seul mot un boiteux(Actes
14;8,18). A Lystre, il sera lapidé, frappé à mort,
mais il se relèvera toujours de ses blessures (Actes
4,18). Au terme du troisième voyage, Paul revient
en Palestine en 58, à Césarée. Il est inquiet,
Dieu lui a annoncé les tribulations qui l'attendent.
Arrété à Troie, tranféré à Rome, il écrit la seconde
épitre à Timothée, qui est un document poignant.
Au fond d'une affreuse goële, il souffre de froid
et de solitude. La plus ancienne tradition de l'église
rapporte qu'il fut exécuté sur la voie qui allait
à Ostie, par le glaive. Saint Pierre aurait été
exécuté lui aussi en même temps. Seul, parmi tous
les saints qui n'ont point connu Jésus de leurs
yeux de chair, il est proclamé apôtre, au même titre,
au même rang, que les douze fidèles qui avaient
escorté le Messie.
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L'ensemencement chrétien
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De
tout grand mouvement religieux ou politique, ce
sont les premières années qui, presque toujours,
déterminent l'avenir. Il n'est aucune période dans
l'histoire de l'Eglise, qui dépasse en importance
celle du premier ensemencement chrétien. Avec une
rapidité stupéfiante, pour le Christiannisme, la
Bonne Nouvelle se trouva portée en d'innombrables
terres et y germa en vivantes communautés. Au milieu
du second siècle, les preuves se multiplieront de
l'existance d'églises à d'immenses distances de
la Palestine originelle. Il est certain que tous
les disciples immédiats de Jésus, obéissant à l'ordre
du maître, s'en allèrent "évangéliser toutes
les nations". Dans la première Epître aux Corinthiens
(IX,5) une allusion prouve que d'autres Apôtres
étaient en mission en même temps que Paul. De tous
ces premiers portes-paroles de Jésus, de ces liens
vivants entre lui et nous, un seul perce quelque
peu l'obscurité générale: saint Jean. Après le concile
de Jérusalem, en 49, il disparaît; on le retrouve
à Ephèse, certainement après la mort de saint Paul,
vers 67, très au fait, de tout ce qui se passe en
Asie Mineure, très vénéré parmi les communautés
chrétiennes et y jouant un rôle de mentor. La persécution
de Domitien le montrera à Rome, subissant, selon
Tertullien, le supplice de l'huile bouillante, y
échappant miraculeusement, mais pour être aussitôt
déporté dans l'Archipel grec, aux travaux forcés
de Patmos, ou il écrit l'Apocalypse. Libéré par
Nirva, revenu à Ephèse, où on le voit, au témoignage
de Clément d'alexandrie, achevant sa longue vieillesse
à parcourir toutes les contrées voisines, "établissant
des évêques, fondant des églises, choisissant tel
ou tel comme clerc", écrivant en même temps,
sous la dictée de l'Esprit, son évangile, et ses
Epîtres et répétant sans cesse: "Mes petits
enfants, aimez-vous les uns les autres: c'est là
le precepte du Christ!" En dehors donc de Jean,
de Pierre aperçu à Antioche et à Rome, des deux
Jacques militants de Jérusalem, nous ne savons rien
de très solide sur les autres disciples directs
de Jésus et sur leur action. Une tradition très
ancienne assure que les Apôtres quittèrent la ville
sainte et se dispersérent la douzième année après
la résurrection du Seigneur, ce qui est tout à fait
plausible, cette date coïncidant avec la persécution
d'Hérode Agrippa, ou fut supplicié Jacques,
fils de Zébédée et ou Pierre fut jeté en prison.
Eusèbe, qui, dit-il, reproduit Origène, et Rufin,
qui le traduisit en le retouchant, ont prétendu
savoir quelle zone d'action chacun des grands Apôtres
aurait eue en partage: tandis que Jean allait en
Asie, André se serrait rendu au pays des Scythes
(Russie du Sud), Matthieu aurait atteint l'Ethiopie,
Barthélémy l'Inde citérieur et Thomas le royaume
des Parthes. D'autres traditions complètent sur
certains points ce schéma. la plus curieuse assure
que Thomas, suivant la route des caravanes, par
la Perse aurait atteint la vallée du Gange où il
aurait converti le prince Mathoura, satrape des
Saces, juste au moment où ce dernier fondait, dans
l'Inde et en Asie Mineure un puissant empire. Cet
ensemensement chrétien, s'il eut des meneurs de
premier rang, il fut aussi au moins autant l'oeuvre
immense des milliers de croyants anonymes qui, au
hasard des voyages et des rencontres, preparèrent
la voie du Seigneur.
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Les
jardins de Néron
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Dans
la nuit du 18 au 19 juillet 64, à Rome l'alerte
au feu fut donné. Accident extrêmement banal dans
cette ville surpeuplée, où de nombreuses maisons,
tassées en îlots et construites en bois, offraient
aux flammes une proie facile. Mais cette fois, l'incendie
prit une ampleur inaccoutumée. Le sinistre était
partout à la fois; du quartier populaire du grand
Cirque, parmi les épiceries et les boutiques d'étoffes,
alimenté par les réserves d'huile et mille matières
très combustibles, il avait gagné toute la région
qui entourait le Palatin et le Coelius. Chassés
de leurs maisons, les habitants cherchaient en vain
une direction pour fuir; les morts ne se comptaient
plus. Le drame dura près de cent quarante heures.
D'origine accidentelle, sur quatorze régions que
la ville comptait, quatre seulement pouvaient se
dire indemnes. Néron ouvrit le Champ de Mars, les
monuments d'Agrippa et ses propres jardins mêmes
aux sinistrés privés de toit, abaissant le prix
du blé à un taux infime. Il entreprit également
la reconstruction de la ville immédiatement, accordant
maintes primes aux propriétaires, mobilisant pour
le déblaiement, la flotte et l'armée. Dans l'opinion
publique, il fut de plus en plus admis qu'il fut
le véritable incendiaire; et il prit peur. Il lui
fallut trouver d'urgence, une diversion, et les
chrétiens la fournirent. Une rafle fut donc faite
dans les milieux chrétiens. Les premiers arrêtés
durent, par la torture, laisser échapper des renseignements.
Leurs relations, les conditions de leur vie, leurs
propos et mêmes leurs silences purent servir d'indices.
Les prisons s'emplirent. Ce que voulait Néron, c'était
bien moins châtier un délit putatif qu'apaiser la
foule irritée en lui désignant des coupables et
en lui livrant des victimes. On ne se borna pas
à torturer, décapiter, crucifier les victimes dans
le cirque de Néron, qui se trouvait sur l'emplacement
actuel de la basilique Saint-Pierre. On joua à la
chasse dans les parcs impériaux, avec, en guise
de gibier, des chrétiens cousus dans des peaux de
bêtes et que les molosses eurent à mettre en morceaux.
On reproduisit les plus scabreuses des scènes mythologiques
où les plus barbares, avec, pour figurantes, des
chrétiennes livrées à tous les ouvrages. Et, le
soir, au long des allées, on alluma pour l'éclairage,
de hautes torches de poix et de résine qui étaient
des êtres vivants. De cette nuit du 15 août 64,
Clément Romain, futur pape, gardera un souvenir
d'horreur inoubliable, et Tacite lui-même avoue
qu'un tel excès dans l'atrocité attira, de la part
des consciences droites, un peu de pitié envers
les chrétiens. La persécution ne se limita point
à ces jeux abominable faits pour amuser la tourbe
de la ville. Elle continua dans le temps; elle s'étendit
dans l'espace. Ecrivant, au lendemain sans doute
du drame, Pierre, fit allusion aux divers tourments
qui, pour un peu de temps, attristent ces lointains
frères.(1 Pierre 1;6,7) il leur déclare expressément
que, même innocents de tout crime, ils peuvent se
trouver "châtier en temps que chrétiens",
et que ce sera leur vrai titre de gloire. Rome n'est
donc pas le monopole des supplices. Et ce fut peu
après avoir écrit cette lettre que le vieil apôtre
"étendit les mains et se laissa mener"
vers le supplice (Jean 21;18). Néron disparaîtra,
quatre ans plus tard, traqué à mort par le dégout
et la colère unanimes: le précédent qu'il avait
créé n'allait se réveler que trop efficace. De 64
à 314, il n'y aura pas un seul jour où la menace
toujours possible d'une fin épouvantable ne pèse
sur l'ame fidèle: il y aura environ autant d'années
sanglantes que d'années d'accalmie, plus ou moins
espacées entre elles.
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Les
Chrétiens dans la cité païenne
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Au
cours de la seconde moitié du second siècle, des
preuves innombrables sont données d'une extension
et d'une pénétration du Christiannisme dans toutes
les régions et dans toutes les classes de l'empire.
On le voit non seulement en Italie, ou Pompéi et
Pouzzoles avaient compté des fidèles dès avant la
catastrphe de 79 qui les ensevelit, mais à Naples
où des cimetières chrétiens datent de 150, à Milan
dont les plemiers évêques semblent bien remonter
à la même époque, à Ravenne, dont le fondateur,
saint Apolinaire, passait pour un disciple de saint
Pierre. La Gaule, l'Afrique, l'Asie ainsi que ses
îles comptent des communautés vivaces; on en trouve
d'aussi belles à Alexandrie d'Egypte que leurs études
théologiques rendront célèbres, ou en Grèce, à Athènes,
patrie de Denie l'Aréopagite, à Corinthe ou à Gortyne,
cité de crète. Au début, la parole évangélique avait
surtoutatteint la plèbedes gens de peu, des gagne-petits,
cordonniers ou cardeurs de laines qui furent bien
souvent les premiers témoins du Christ. Au second
siècle, il ya, parmi les chrétiens, des sénateurs
commes Apollonus, de hauts magistrats comme le consul
Liberalis, des intellectuels comme Justin capables
de parler au Forum. Poutant, soixant ans plus tard,
Origène dira que les chrétiens sont encore "
très peu nombreux" parmi les millions d'habitants
de l'Empire. Cette profilération des chrétiens pose
de très nombreux problèmes de contact entre eux
et les païens. Une image, trop souvent admise comme
explicative, et suggérée par le seul mot de Catacombes,
tend à faire représenter ces fidèles des premiers
temps comme une sorte de peuple de taupes, passant
toute leur vie sous terre pour se cacher de leurs
adversaires, et ne sortant de leurs souterrains
refuges que pour aller mourir au soleil des amphithéâtres.
S'il est vrai qu'a maintes reprises, les Catacombes
servirent d'asiles momentanés à l'Eglise, s'il est
vrai surtout que d'une façon plus permanente, elles
assurèrent au culte chrétien un abri, il serait
absurde d'en faire le seul cadre de l'existence
des chrétiens des premiers siècles. dans le texte
de l'Apologétique, Tertullien dit nettement:
"Nous autres, chrétiens, nous ne vivons pas
à l'écart du monde. nous fréquentons forum, bains,
ateliers, boutiques, marchés, places publiques.
Nous faisons les métiers de marins, de soldat, de
cultivateur, de négociant." Un autre texte,
du second siècle, la Lettre à diognète affirme
que ni par le vêtement, ni par le logement, ni par
la nourritur, les chrétiens ne se différencient
des autres hommes. Et, à Lyon, selon le rapport
de l'église lyonnaise elle-même, lorsque la persécution
de 177 commença, la populace chassa les chrétiens
des places et des bains publics, preuve qu'ils y
allaient. A l'école des Pages impériaux, on sait,
parmi les élèves, q'Alexamenos est chrétien, un
camarade le blague en dessinant sur un mur la caricature:
"Alexamenos adore son dieu !" ,fameux
graffito du Palatin représentant un âne crucifié.
Et le jeune chrétien, courageux, grave à son tour
la réponse:"Alexamenos fidèle". Au sein
du populaire, c'étaient les ragots, les calomnies,
les histoires de crime rituel et de débauches nocturnes.
Chez les gens bien, c'étaient, ces mots que Tertullien
rapporte: "C'est un honnête homme: quel dommage
qu'il soit chrétien !" . Dans bien des cas,
le dialogue se faisait plus tendu et tournait au
drame. Un grand nombre de métiers sont, en raison
de leurs immoralité et de l'idolâtrie qu'il admettent,
interdits aux chrétiens: Hippolyte énumère ceux
de tenancier de maison public, de sculpteur ou peintres
d'idoles, d'auteur et d'acteur dramatique, de professeur,
de cocher, de gladiateur, de prêtre ou gardien de
temples, de juge et de gouverneur dans la mesure
où ses fonctions donnent droit de comdamner à mort;
de magicien, devin, astrologue, incantateur et interprète
de songes....Si le christiannisme primitif a compté
peu d'apostats, si, dans la plupart des cas, les
principes ont été sauvegardés, il y eut aussi des
chrétiens qui éssayèrent de biaiser, de jouer le
double jeu. Mais il y eut aussi des héros, en grand
nombre: tel ce gréffier qui brise ses tablettes
plutôt que d'inscrire la comdamnation d'un frère,
ou ces soldats qui refusent d'exécuter un ordre
qu'ils jugent contrairent à leurs principes.(Jusqu'à
la fin du IIe siècle, les chrétiens ne sont pas,
en principe, objecteur de conscience. Il semble
même qu'il y en ait un bon nombre dans l'armée.)
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