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Marc
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Commencement
de l'Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu.
Selon
ce qui est écrit dans Ésaïe, le prophète: Voici, j'envoie devant toi mon
messager, Qui préparera ton chemin;
C'est
la voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur,
Aplanissez ses sentiers.
Jean
parut, baptisant dans le désert, et prêchant le baptême de repentance, pour la
rémission des péchés.
Tout le
pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui; et,
confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du
Jourdain.
Jean
avait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des
reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Il
prêchait, disant: Il vient après moi celui qui est plus puissant que moi, et je
ne suis pas digne de délier, en me baissant, la courroie de ses souliers.
Moi, je
vous ai baptisés d'eau; lui, il vous baptisera du Saint Esprit.
En ce
temps-là, Jésus vint de Nazareth en Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le
Jourdain.
Au
moment où il sortait de l'eau, il vit les cieux s'ouvrir, et l'Esprit descendre
sur lui comme une colombe.
Et une
voix fit entendre des cieux ces paroles: Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j'ai
mis toute mon affection.
Aussitôt,
l'Esprit poussa Jésus dans le désert,
où il
passa quarante jours, tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages, et les
anges le servaient.
Après
que Jean eut été livré, Jésus alla dans la Galilée, prêchant l'Évangile de
Dieu.
Il
disait: Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous,
et croyez à la bonne nouvelle.
Comme
il passait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André, frère de Simon,
qui jetaient un filet dans la mer; car ils étaient pêcheurs.
Jésus
leur dit: Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes.
Aussitôt,
ils laissèrent leurs filets, et le suivirent.
Étant
allé un peu plus loin, il vit Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère,
qui, eux aussi, étaient dans une barque et réparaient les filets.
Aussitôt,
il les appela; et, laissant leur père Zébédée dans la barque avec les ouvriers,
ils le suivirent.
Ils se
rendirent à Capernaüm. Et, le jour du sabbat, Jésus entra d'abord dans la
synagogue, et il enseigna.
Ils
étaient frappés de sa doctrine; car il enseignait comme ayant autorité, et non
pas comme les scribes.
Il se
trouva dans leur synagogue un homme qui avait un esprit impur, et qui s'écria:
Qu'y
a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth? Tu es venu pour nous perdre. Je
sais qui tu es: le Saint de Dieu.
Jésus
le menaça, disant: Tais-toi, et sors de cet homme.
Et
l'esprit impur sortit de cet homme, en l'agitant avec violence, et en poussant
un grand cri.
Tous
furent saisis de stupéfaction, de sorte qu'il se demandaient les uns aux
autres: Qu'est-ce que ceci? Une nouvelle doctrine! Il commande avec autorité
même aux esprits impurs, et ils lui obéissent!
Et sa
renommée se répandit aussitôt dans tous les lieux environnants de la Galilée.
En
sortant de la synagogue, ils se rendirent avec Jacques et Jean à la maison de
Simon et d'André.
La
belle-mère de Simon était couchée, ayant la fièvre; et aussitôt on parla d'elle
à Jésus.
S'étant
approché, il la fit lever en lui prenant la main, et à l'instant la fièvre la
quitta. Puis elle les servit.
Le
soir, après le coucher du soleil, on lui amena tous les malades et les
démoniaques.
Et
toute la ville était rassemblée devant sa porte.
Il
guérit beaucoup de gens qui avaient diverses maladies; il chassa aussi beaucoup
de démons, et il ne permettait pas aux démons de parler, parce qu'ils le
connaissaient.
Vers le
matin, pendant qu'il faisait encore très sombre, il se leva, et sortit pour
aller dans un lieu désert, où il pria.
Simon
et ceux qui étaient avec lui se mirent à sa recherche;
et,
quand ils l'eurent trouvé, ils lui dirent: Tous te cherchent.
Il leur
répondit: Allons ailleurs, dans les bourgades voisines, afin que j'y prêche
aussi; car c'est pour cela que je suis sorti.
Et il
alla prêcher dans les synagogues, par toute la Galilée, et il chassa les
démons.
Un
lépreux vint à lui; et, se jetant à genoux, il lui dit d'un ton suppliant: Si
tu le veux, tu peux me rendre pur.
Jésus,
ému de compassion, étendit la main, le toucha, et dit: Je le veux, sois pur.
Aussitôt
la lèpre le quitta, et il fut purifié.
Jésus
le renvoya sur-le-champ, avec de sévères recommandations,
et lui
dit: Garde-toi de rien dire à personne; mais va te montrer au sacrificateur, et
offre pour ta purification ce que Moïse a prescrit, afin que cela leur serve de
témoignage.
Mais
cet homme, s'en étant allé, se mit à publier hautement la chose et à la
divulguer, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer publiquement dans une
ville. Il se tenait dehors, dans des lieux déserts, et l'on venait à lui de
toutes parts.
Quelques
jours après, Jésus revint à Capernaüm. On apprit qu'il était à la maison,
et il
s'assembla un si grand nombre de personnes que l'espace devant la porte ne
pouvait plus les contenir. Il leur annonçait la parole.
Des
gens vinrent à lui, amenant un paralytique porté par quatre hommes.
Comme
ils ne pouvaient l'aborder, à cause de la foule, ils découvrirent le toit de la
maison où il était, et ils descendirent par cette ouverture le lit sur lequel
le paralytique était couché.
Jésus,
voyant leur foi, dit au paralytique: Mon enfant, tes péchés sont pardonnés.
Il y
avait là quelques scribes, qui étaient assis, et qui se disaient au dedans
d'eux:
Comment
cet homme parle-t-il ainsi? Il blasphème. Qui peut pardonner les péchés, si ce
n'est Dieu seul?
Jésus,
ayant aussitôt connu par son esprit ce qu'ils pensaient au dedans d'eux, leur
dit: Pourquoi avez-vous de telles pensées dans vos coeurs?
Lequel
est le plus aisé, de dire au paralytique: Tes péchés sont pardonnés, ou de dire:
Lève-toi, prends ton lit, et marche?
Or,
afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de
pardonner les péchés:
Je te
l'ordonne, dit-il au paralytique, lève-toi, prends ton lit, et va dans ta
maison.
Et, à l'instant,
il se leva, prit son lit, et sortit en présence de tout le monde, de sorte
qu'ils étaient tous dans l'étonnement et glorifiaient Dieu, disant: Nous
n'avons jamais rien vu de pareil.
Jésus
sortit de nouveau du côté de la mer. Toute la foule venait à lui, et il les
enseignait.
En
passant, il vit Lévi, fils d'Alphée, assis au bureau des péages. Il lui dit: Suis-moi.
Lévi se leva, et le suivit.
Comme
Jésus était à table dans la maison de Lévi, beaucoup de publicains et de gens
de mauvaise vie se mirent aussi à table avec lui et avec ses disciples; car ils
étaient nombreux, et l'avaient suivi.
Les
scribes et les pharisiens, le voyant manger avec les publicains et les gens de
mauvaise vie, dirent à ses disciples: Pourquoi mange-t-il et boit-il avec les
publicains et les gens de mauvaise vie?
Ce que
Jésus ayant entendu, il leur dit: Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui
ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des
justes, mais des pécheurs.
Les
disciples de Jean et les pharisiens jeûnaient. Ils vinrent dire à Jésus:
Pourquoi les disciples de Jean et ceux des pharisiens jeûnent-ils, tandis que
tes disciples ne jeûnent point?
Jésus
leur répondit: Les amis de l'époux peuvent-ils jeûner pendant que l'époux est
avec eux? Aussi longtemps qu'ils ont avec eux l'époux, ils ne peuvent jeûner.
Les
jours viendront où l'époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront en ce
jour-là.
Personne
ne coud une pièce de drap neuf à un vieil habit; autrement, la pièce de drap
neuf emporterait une partie du vieux, et la déchirure serait pire.
Et
personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres; autrement, le vin fait
rompre les outres, et le vin et les outres sont perdus; mais il faut mettre le
vin nouveau dans des outres neuves.
Il
arriva, un jour de sabbat, que Jésus traversa des champs de blé. Ses disciples,
chemin faisant, se mirent à arracher des épis.
Les
pharisiens lui dirent: Voici, pourquoi font-ils ce qui n'est pas permis pendant
le sabbat?
Jésus
leur répondit: N'avez-vous jamais lu ce que fit David, lorsqu'il fut dans la
nécessité et qu'il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui;
comment
il entra dans la maison de Dieu, du temps du souverain sacrificateur Abiathar,
et mangea les pains de proposition, qu'il n'est permis qu'aux sacrificateurs de
manger, et en donna même à ceux qui étaient avec lui!
Puis il
leur dit: Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat,
de
sorte que le Fils de l'homme est maître même du sabbat.
Jésus
entra de nouveau dans la synagogue. Il s'y trouvait un homme qui avait la main
sèche.
Ils
observaient Jésus, pour voir s'il le guérirait le jour du sabbat: c'était afin
de pouvoir l'accuser.
Et
Jésus dit à l'homme qui avait la main sèche: Lève-toi, là au milieu.
Puis il
leur dit: Est-il permis, le jour du sabbat, de faire du bien ou de faire du
mal, de sauver une personne ou de la tuer? Mais ils gardèrent le silence.
Alors,
promenant ses regards sur eux avec indignation, et en même temps affligé de
l'endurcissement de leur coeur, il dit à l'homme: Étends ta main. Il l'étendit,
et sa main fut guérie.
Les
pharisiens sortirent, et aussitôt ils se consultèrent avec les hérodiens sur
les moyens de le faire périr.
Jésus
se retira vers la mer avec ses disciples. Une grande multitude le suivit de la
Galilée;
et de
la Judée, et de Jérusalem, et de l'Idumée, et d'au delà du Jourdain, et des
environs de Tyr et de Sidon, une grande multitude, apprenant tout ce qu'il
faisait, vint à lui.
Il
chargea ses disciples de tenir toujours à sa disposition une petite barque,
afin de ne pas être pressé par la foule.
Car,
comme il guérissait beaucoup de gens, tous ceux qui avaient des maladies se
jetaient sur lui pour le toucher.
Les
esprits impurs, quand ils le voyaient, se prosternaient devant lui, et
s'écriaient: Tu es le Fils de Dieu.
Mais il
leur recommandait très sévèrement de ne pas le faire connaître.
Il
monta ensuite sur la montagne; il appela ceux qu'il voulut, et ils vinrent
auprès de lui.
Il en
établit douze, pour les avoir avec lui,
et pour
les envoyer prêcher avec le pouvoir de chasser les démons.
Voici
les douze qu'il établit: Simon, qu'il nomma Pierre;
Jacques,
fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, auxquels il donna le nom de
Boanergès, qui signifie fils du tonnerre;
André;
Philippe; Barthélemy; Matthieu; Thomas; Jacques, fils d'Alphée; Thaddée; Simon
le Cananite;
et
Judas Iscariot, celui qui livra Jésus.
Ils se
rendirent à la maison, et la foule s'assembla de nouveau, en sorte qu'ils ne
pouvaient pas même prendre leur repas.
Les
parents de Jésus, ayant appris ce qui se passait, vinrent pour se saisir de
lui; car ils disaient: Il est hors de sens.
Et les
scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, dirent: Il est possédé de
Béelzébul; c'est par le prince des démons qu'il chasse les démons.
Jésus
les appela, et leur dit sous forme de paraboles: Comment Satan peut-il chasser
Satan?
Si un
royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut subsister;
et si
une maison est divisée contre elle-même, cette maison ne peut subsister.
Si donc
Satan se révolte contre lui-même, il est divisé, et il ne peut subsister, mais
c'en est fait de lui.
Personne
ne peut entrer dans la maison d'un homme fort et piller ses biens, sans avoir
auparavant lié cet homme fort; alors il pillera sa maison.
Je vous
le dis en vérité, tous les péchés seront pardonnés aux fils des hommes, et les
blasphèmes qu'ils auront proférés;
mais
quiconque blasphémera contre le Saint Esprit n'obtiendra jamais de pardon: il
est coupable d'un péché éternel.
Jésus
parla ainsi parce qu'ils disaient: Il est possédé d'un esprit impur.
Survinrent
sa mère et ses frères, qui, se tenant dehors, l'envoyèrent appeler.
La
foule était assise autour de lui, et on lui dit: Voici, ta mère et tes frères
sont dehors et te demandent.
Et il
répondit: Qui est ma mère, et qui sont mes frères?
Puis,
jetant les regards sur ceux qui étaient assis tout autour de lui: Voici,
dit-il, ma mère et mes frères.
Car,
quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur, et ma
mère.
Jésus
se mit de nouveau à enseigner au bord de la mer. Une grande foule s'étant
assemblée auprès de lui, il monta et s'assit dans une barque, sur la mer. Toute
la foule était à terre sur le rivage.
Il leur
enseigna beaucoup de choses en paraboles, et il leur dit dans son enseignement:
Écoutez.
Un semeur sortit pour semer.
Comme
il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin: les oiseaux
vinrent, et la mangèrent.
Une
autre partie tomba dans un endroit pierreux, où elle n'avait pas beaucoup de
terre; elle leva aussitôt, parce qu'elle ne trouva pas un sol profond;
mais,
quand le soleil parut, elle fut brûlée et sécha, faute de racines.
Une
autre partie tomba parmi les épines: les épines montèrent, et l'étouffèrent, et
elle ne donna point de fruit.
Une
autre partie tomba dans la bonne terre: elle donna du fruit qui montait et
croissait, et elle rapporta trente, soixante, et cent pour un.
Puis il
dit: Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
Lorsqu'il
fut en particulier, ceux qui l'entouraient avec les douze l'interrogèrent sur
les paraboles.
Il leur
dit: C'est à vous qu'a été donné le mystère du royaume de Dieu; mais pour ceux
qui sont dehors tout se passe en paraboles,
afin
qu'en voyant ils voient et n'aperçoivent point, et qu'en entendant ils
entendent et ne comprennent point, de peur qu'ils ne se convertissent, et que
les péchés ne leur soient pardonnés.
Il leur
dit encore: Vous ne comprenez pas cette parabole? Comment donc comprendrez-vous
toutes les paraboles?
Le
semeur sème la parole.
Les uns
sont le long du chemin, où la parole est semée; quand ils l'ont entendue,
aussitôt Satan vient et enlève la parole qui a été semée en eux.
Les
autres, pareillement, reçoivent la semence dans les endroits pierreux; quand
ils entendent la parole, ils la reçoivent d'abord avec joie;
mais
ils n'ont pas de racine en eux-mêmes, ils manquent de persistance, et, dès que
survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, ils y
trouvent une occasion de chute.
D'autres
reçoivent la semence parmi les épines; ce sont ceux qui entendent la parole,
mais en
qui les soucis du siècle, la séduction des richesses et l'invasion des autres
convoitises, étouffent la parole, et la rendent infructueuse.
D'autres
reçoivent la semence dans la bonne terre; ce sont ceux qui entendent la parole,
la reçoivent, et portent du fruit, trente, soixante, et cent pour un.
Il leur
dit encore: Apporte-t-on la lampe pour la mettre sous le boisseau, ou sous le
lit? N'est-ce pas pour la mettre sur le chandelier?
Car il
n'est rien de caché qui ne doive être découvert, rien de secret qui ne doive
être mis au jour.
Si
quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende.
Il leur
dit encore: Prenez garde à ce que vous entendez. On vous mesurera avec la
mesure dont vous vous serez servis, et on y ajoutera pour vous.
Car on
donnera à celui qui a; mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a.
Il dit
encore: Il en est du royaume de Dieu comme quand un homme jette de la semence
en terre;
qu'il
dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans qu'il sache
comment.
La
terre produit d'elle-même, d'abord l'herbe, puis l'épi, puis le grain tout
formé dans l'épi;
et, dès
que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là.
Il dit
encore: A quoi comparerons-nous le royaume de Dieu, ou par quelle parabole le
représenterons-nous?
Il est
semblable à un grain de sénevé, qui, lorsqu'on le sème en terre, est la plus
petite de toutes les semences qui sont sur la terre;
mais,
lorsqu'il a été semé, il monte, devient plus grand que tous les légumes, et
pousse de grandes branches, en sorte que les oiseaux du ciel peuvent habiter
sous son ombre.
C'est
par beaucoup de paraboles de ce genre qu'il leur annonçait la parole, selon
qu'ils étaient capables de l'entendre.
Il ne
leur parlait point sans parabole; mais, en particulier, il expliquait tout à
ses disciples.
Ce même
jour, sur le soir, Jésus leur dit: Passons à l'autre bord.
Après
avoir renvoyé la foule, ils l'emmenèrent dans la barque où il se trouvait; il y
avait aussi d'autres barques avec lui.
Il
s'éleva un grand tourbillon, et les flots se jetaient dans la barque, au point
qu'elle se remplissait déjà.
Et lui,
il dormait à la poupe sur le coussin. Ils le réveillèrent, et lui dirent:
Maître, ne t'inquiètes-tu pas de ce que nous périssons?
S'étant
réveillé, il menaça le vent, et dit à la mer: Silence! tais-toi! Et le vent
cessa, et il y eut un grand calme.
Puis il
leur dit: Pourquoi avez-vous ainsi peur? Comment n'avez-vous point de foi?
Ils
furent saisis d'une grande frayeur, et ils se dirent les uns aux autres: Quel
est donc celui-ci, à qui obéissent même le vent et la mer?
Ils
arrivèrent à l'autre bord de la mer, dans le pays des Gadaréniens.
Aussitôt
que Jésus fut hors de la barque, il vint au-devant de lui un homme, sortant des
sépulcres, et possédé d'un esprit impur.
Cet
homme avait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne pouvait plus le lier,
même avec une chaîne.
Car
souvent il avait eu les fers aux pieds et avait été lié de chaînes, mais il
avait rompu les chaînes et brisé les fers, et personne n'avait la force de le
dompter.
Il
était sans cesse, nuit et jour, dans les sépulcres et sur les montagnes,
criant, et se meurtrissant avec des pierres.
Ayant
vu Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui,
et
s'écria d'une voix forte: Qu'y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu
Très Haut? Je t'en conjure au nom de Dieu, ne me tourmente pas.
Car
Jésus lui disait: Sors de cet homme, esprit impur!
Et, il
lui demanda: Quel est ton nom? Légion est mon nom, lui répondit-il, car nous
sommes plusieurs.
Et il
le priait instamment de ne pas les envoyer hors du pays.
Il y
avait là, vers la montagne, un grand troupeau de pourceaux qui paissaient.
Et les
démons le prièrent, disant: Envoie-nous dans ces pourceaux, afin que nous
entrions en eux.
Il le
leur permit. Et les esprits impurs sortirent, entrèrent dans les pourceaux, et
le troupeau se précipita des pentes escarpées dans la mer: il y en avait
environ deux mille, et ils se noyèrent dans la mer.
Ceux
qui les faisaient paître s'enfuirent, et répandirent la nouvelle dans la ville
et dans les campagnes. Les gens allèrent voir ce qui était arrivé.
Ils
vinrent auprès de Jésus, et ils virent le démoniaque, celui qui avait eu la
légion, assis, vêtu, et dans son bon sens; et ils furent saisis de frayeur.
Ceux
qui avaient vu ce qui s'était passé leur racontèrent ce qui était arrivé au
démoniaque et aux pourceaux.
Alors
ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire.
Comme
il montait dans la barque, celui qui avait été démoniaque lui demanda la
permission de rester avec lui.
Jésus
ne le lui permit pas, mais il lui dit: Va dans ta maison, vers les tiens, et
raconte-leur tout ce que le Seigneur t'a fait, et comment il a eu pitié de toi.
Il s'en
alla, et se mit à publier dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour
lui. Et tous furent dans l'étonnement.
Jésus
dans la barque regagna l'autre rive, où une grande foule s'assembla près de
lui. Il était au bord de la mer.
Alors
vint un des chefs de la synagogue, nommé Jaïrus, qui, l'ayant aperçu, se jeta à
ses pieds,
et lui
adressa cette instante prière: Ma petite fille est à l'extrémité, viens,
impose-lui les mains, afin qu'elle soit sauvée et qu'elle vive.
Jésus
s'en alla avec lui. Et une grande foule le suivait et le pressait.
Or, il
y avait une femme atteinte d'une perte de sang depuis douze ans.
Elle avait
beaucoup souffert entre les mains de plusieurs médecins, elle avait dépensé
tout ce qu'elle possédait, et elle n'avait éprouvé aucun soulagement, mais
était allée plutôt en empirant.
Ayant
entendu parler de Jésus, elle vint dans la foule par derrière, et toucha son
vêtement.
Car
elle disait: Si je puis seulement toucher ses vêtements, je serai guérie.
Au même
instant la perte de sang s'arrêta, et elle sentit dans son corps qu'elle était
guérie de son mal.
Jésus
connut aussitôt en lui-même qu'une force était sortie de lui; et, se retournant
au milieu de la foule, il dit: Qui a touché mes vêtements?
Ses
disciples lui dirent: Tu vois la foule qui te presse, et tu dis: Qui m'a
touché?
Et il
regardait autour de lui, pour voir celle qui avait fait cela.
La
femme, effrayée et tremblante, sachant ce qui s'était passé en elle, vint se
jeter à ses pieds, et lui dit toute la vérité.
Mais
Jésus lui dit: Ma fille, ta foi t'a sauvée; va en paix, et sois guérie de ton
mal.
Comme
il parlait encore, survinrent de chez le chef de la synagogue des gens qui
dirent: Ta fille est morte; pourquoi importuner davantage le maître?
Mais
Jésus, sans tenir compte de ces paroles, dit au chef de la synagogue: Ne crains
pas, crois seulement.
Et il
ne permit à personne de l'accompagner, si ce n'est à Pierre, à Jacques, et à
Jean, frère de Jacques.
Ils
arrivèrent à la maison du chef de la synagogue, où Jésus vit une foule bruyante
et des gens qui pleuraient et poussaient de grands cris.
Il
entra, et leur dit: Pourquoi faites-vous du bruit, et pourquoi pleurez-vous?
L'enfant n'est pas morte, mais elle dort.
Et ils
se moquaient de lui. Alors, ayant fait sortir tout le monde, il prit avec lui
le père et la mère de l'enfant, et ceux qui l'avaient accompagné, et il entra
là où était l'enfant.
Il la
saisit par la main, et lui dit: Talitha koumi, ce qui signifie: Jeune fille,
lève-toi, je te le dis.
Aussitôt
la jeune fille se leva, et se mit à marcher; car elle avait douze ans. Et ils
furent dans un grand étonnement.
Jésus
leur adressa de fortes recommandations, pour que personne ne sût la chose; et
il dit qu'on donnât à manger à la jeune fille.
Jésus
partit de là, et se rendit dans sa patrie. Ses disciples le suivirent.
Quand
le sabbat fut venu, il se mit à enseigner dans la synagogue. Beaucoup de gens
qui l'entendirent étaient étonnés et disaient: D'où lui viennent ces choses?
Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et comment de tels miracles se
font-ils par ses mains?
N'est-ce
pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et
de Simon? et ses soeurs ne sont-elles pas ici parmi nous? Et il était pour eux
une occasion de chute.
Mais
Jésus leur dit: Un prophète n'est méprisé que dans sa patrie, parmi ses
parents, et dans sa maison.
Il ne
put faire là aucun miracle, si ce n'est qu'il imposa les mains à quelques
malades et les guérit.
Et il s'étonnait
de leur incrédulité. Jésus parcourait les villages d'alentour, en enseignant.
Alors
il appela les douze, et il commença à les envoyer deux à deux, en leur donnant
pouvoir sur les esprits impurs.
Il leur
prescrivit de ne rien prendre pour le voyage, si ce n'est un bâton; de n'avoir
ni pain, ni sac, ni monnaie dans la ceinture;
de
chausser des sandales, et de ne pas revêtir deux tuniques.
Puis il
leur dit: Dans quelque maison que vous entriez, restez-y jusqu'à ce que vous
partiez de ce lieu.
Et,
s'il y a quelque part des gens qui ne vous reçoivent ni ne vous écoutent,
retirez-vous de là, et secouez la poussière de vos pieds, afin que cela leur
serve de témoignage.
Ils
partirent, et ils prêchèrent la repentance.
Ils
chassaient beaucoup de démons, et ils oignaient d'huile beaucoup de malades et
les guérissaient.
Le roi
Hérode entendit parler de Jésus, dont le nom était devenu célèbre, et il dit:
Jean Baptiste est ressuscité des morts, et c'est pour cela qu'il se fait par
lui des miracles.
D'autres
disaient: C'est Élie. Et d'autres disaient: C'est un prophète comme l'un des
prophètes.
Mais
Hérode, en apprenant cela, disait: Ce Jean que j'ai fait décapiter, c'est lui
qui est ressuscité.
Car Hérode
lui-même avait fait arrêter Jean, et l'avait fait lier en prison, à cause
d'Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce qu'il l'avait épousée,
et que
Jean lui disait: Il ne t'est pas permis d'avoir la femme de ton frère.
Hérodias
était irritée contre Jean, et voulait le faire mourir.
Mais
elle ne le pouvait; car Hérode craignait Jean, le connaissant pour un homme
juste et saint; il le protégeait, et, après l'avoir entendu, il était souvent
perplexe, et l'écoutait avec plaisir.
Cependant,
un jour propice arriva, lorsque Hérode, à l'anniversaire de sa naissance, donna
un festin à ses grands, aux chefs militaires et aux principaux de la Galilée.
La
fille d'Hérodias entra dans la salle; elle dansa, et plut à Hérode et à ses convives.
Le roi dit à la jeune fille: Demande-moi ce que tu voudras, et je te le
donnerai.
Il
ajouta avec serment: Ce que tu me demanderas, je te le donnerai, fût-ce la
moitié de mon royaume.
Étant
sortie, elle dit à sa mère: Que demanderais-je? Et sa mère répondit: La tête de
Jean Baptiste.
Elle
s'empressa de rentrer aussitôt vers le roi, et lui fit cette demande: Je veux
que tu me donnes à l'instant, sur un plat, la tête de Jean Baptiste.
Le roi
fut attristé; mais, à cause de ses serments et des convives, il ne voulut pas
lui faire un refus.
Il
envoya sur-le-champ un garde, avec ordre d'apporter la tête de Jean Baptiste.
Le
garde alla décapiter Jean dans la prison, et apporta la tête sur un plat. Il la
donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère.
Les
disciples de Jean, ayant appris cela, vinrent prendre son corps, et le mirent
dans un sépulcre.
Les
apôtres, s'étant rassemblés auprès de Jésus, lui racontèrent tout ce qu'ils
avaient fait et tout ce qu'ils avaient enseigné.
Jésus
leur dit: Venez à l'écart dans un lieu désert, et reposez-vous un peu. Car il y
avait beaucoup d'allants et de venants, et ils n'avaient même pas le temps de
manger.
Ils
partirent donc dans une barque, pour aller à l'écart dans un lieu désert.
Beaucoup
de gens les virent s'en aller et les reconnurent, et de toutes les villes on
accourut à pied et on les devança au lieu où ils se rendaient.
Quand
il sortit de la barque, Jésus vit une grande foule, et fut ému de compassion
pour eux, parce qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont point de berger; et
il se mit à leur enseigner beaucoup de choses.
Comme
l'heure était déjà avancée, ses disciples s'approchèrent de lui, et dirent: Ce
lieu est désert, et l'heure est déjà avancée;
renvoie-les,
afin qu'ils aillent dans les campagnes et dans les villages des environs, pour
s'acheter de quoi manger.
Jésus
leur répondit: Donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils lui dirent:
Irions-nous acheter des pains pour deux cents deniers, et leur donnerions-nous
à manger?
Et il
leur dit: Combien avez-vous de pains? Allez voir. Ils s'en assurèrent, et
répondirent: Cinq, et deux poissons.
Alors
il leur commanda de les faire tous asseoir par groupes sur l'herbe verte,
et ils
s'assirent par rangées de cent et de cinquante.
Il prit
les cinq pains et les deux poissons et, levant les yeux vers le ciel, il rendit
grâces. Puis, il rompit les pains, et les donna aux disciples, afin qu'ils les
distribuassent à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre tous.
Tous
mangèrent et furent rassasiés,
et l'on
emporta douze paniers pleins de morceaux de pain et de ce qui restait des
poissons.
Ceux
qui avaient mangé les pains étaient cinq mille hommes.
Aussitôt
après, il obligea ses disciples à monter dans la barque et à passer avant lui
de l'autre côté, vers Bethsaïda, pendant que lui-même renverrait la foule.
Quand
il l'eut renvoyée, il s'en alla sur la montagne, pour prier.
Le soir
étant venu, la barque était au milieu de la mer, et Jésus était seul à terre.
Il vit
qu'ils avaient beaucoup de peine à ramer; car le vent leur était contraire. A
la quatrième veille de la nuit environ, il alla vers eux, marchant sur la mer,
et il voulait les dépasser.
Quand
ils le virent marcher sur la mer, ils crurent que c'étaient un fantôme, et ils
poussèrent des cris;
car ils
le voyaient tous, et ils étaient troublés. Aussitôt Jésus leur parla, et leur
dit: Rassurez-vous, c'est moi, n'ayez pas peur!
Puis il
monta vers eux dans la barque, et le vent cessa. Ils furent en eux-même tout
stupéfaits et remplis d'étonnement;
car ils
n'avaient pas compris le miracle des pains, parce que leur coeur était endurci.
Après
avoir traversé la mer, ils vinrent dans le pays de Génésareth, et ils
abordèrent.
Quand
ils furent sortis de la barque, les gens, ayant aussitôt reconnu Jésus,
parcoururent
tous les environs, et l'on se mit à apporter les malades sur des lits, partout
où l'on apprenait qu'il était.
En
quelque lieu qu'il arrivât, dans les villages, dans les villes ou dans les
campagnes, on mettait les malades sur les places publiques, et on le priait de
leur permettre seulement de toucher le bord de son vêtement. Et tous ceux qui
le touchaient étaient guéris.
Les
pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, s'assemblèrent auprès de
Jésus.
Ils
virent quelques-uns de ses disciples prendre leurs repas avec des mains
impures, c'est-à-dire, non lavées.
Or, les
pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas sans s'être lavé soigneusement les
mains, conformément à la tradition des anciens;
et,
quand ils reviennent de la place publique, ils ne mangent qu'après s'être
purifiés. Ils ont encore beaucoup d'autres observances traditionnelles, comme
le lavage des coupes, des cruches et des vases d'airain.
Et les
pharisiens et les scribes lui demandèrent: Pourquoi tes disciples ne
suivent-ils pas la tradition des anciens, mais prennent-ils leurs repas avec
des mains impures?
Jésus
leur répondit: Hypocrites, Ésaïe a bien prophétisé sur vous, ainsi qu'il est
écrit: Ce peuple m'honore des lèvres, Mais son coeur est éloigné de moi.
C'est
en vain qu'ils m'honorent, En donnant des préceptes qui sont des commandements
d'hommes.
Vous
abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes.
Il leur
dit encore: Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder
votre tradition.
Car
Moïse a dit: Honore ton père et ta mère; et: Celui qui maudira son père ou sa
mère sera puni de mort.
Mais
vous, vous dites: Si un homme dit à son père ou à sa mère: Ce dont j'aurais pu
t'assister est corban, c'est-à-dire, une offrande à Dieu,
vous ne
le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère,
annulant
ainsi la parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie. Et vous
faites beaucoup d'autres choses semblables.
Ensuite,
ayant de nouveau appelé la foule à lui, il lui dit: Écoutez-moi tous, et
comprenez.
Il
n'est hors de l'homme rien qui, entrant en lui, puisse le souiller; mais ce qui
sort de l'homme, c'est ce qui le souille.
Si
quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende.
Lorsqu'il
fut entré dans la maison, loin de la foule, ses disciples l'interrogèrent sur
cette parabole.
Il leur
dit: Vous aussi, êtes-vous donc sans intelligence? Ne comprenez-vous pas que
rien de ce qui du dehors entre dans l'homme ne peut le souiller?
Car
cela n'entre pas dans son coeur, mais dans son ventre, puis s'en va dans les
lieux secrets, qui purifient tous les aliments.
Il dit
encore: Ce qui sort de l'homme, c'est ce qui souille l'homme.
Car
c'est du dedans, c'est du coeur des hommes, que sortent les mauvaises pensées,
les adultères, les impudicités, les meurtres,
les
vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard
envieux, la calomnie, l'orgueil, la folie.
Toutes
ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l'homme.
Jésus,
étant parti de là, s'en alla dans le territoire de Tyr et de Sidon. Il entra
dans une maison, désirant que personne ne le sût; mais il ne put rester caché.
Car une
femme, dont la fille était possédée d'un esprit impur, entendit parler de lui,
et vint se jeter à ses pieds.
Cette
femme était grecque, syro-phénicienne d'origine. Elle le pria de chasser le
démon hors de sa fille. Jésus lui dit:
Laisse
d'abord les enfants se rassasier; car il n'est pas bien de prendre le pain des
enfants, et de le jeter aux petits chiens.
Oui,
Seigneur, lui répondit-elle, mais les petits chiens, sous la table, mangent les
miettes des enfants.
Alors
il lui dit: à cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille.
Et,
quand elle rentra dans sa maison, elle trouva l'enfant couchée sur le lit, le
démon étant sorti.
Jésus
quitta le territoire de Tyr, et revint par Sidon vers la mer de Galilée, en
traversant le pays de la Décapole.
On lui
amena un sourd, qui avait de la difficulté à parler, et on le pria de lui
imposer les mains.
Il le
prit à part loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et lui
toucha la langue avec sa propre salive;
puis,
levant les yeux au ciel, il soupira, et dit: Éphphatha, c'est-à-dire,
ouvre-toi.
Aussitôt
ses oreilles s'ouvrirent, sa langue se délia, et il parla très bien.
Jésus
leur recommanda de n'en parler à personne; mais plus il le leur recommanda,
plus ils le publièrent.
Ils
étaient dans le plus grand étonnement, et disaient: Il fait tout à merveille;
même il fait entendre les sourds, et parler les muets.
En ces
jours-là, une foule nombreuse s'étant de nouveau réunie et n'ayant pas de quoi
manger, Jésus appela les disciples, et leur dit:
Je suis
ému de compassion pour cette foule; car voilà trois jours qu'ils sont près de
moi, et ils n'ont rien à manger.
Si je
les renvoie chez eux à jeun, les forces leur manqueront en chemin; car
quelques-uns d'entre eux sont venus de loin.
Ses
disciples lui répondirent: Comment pourrait-on les rassasier de pains, ici,
dans un lieu désert?
Jésus
leur demanda: Combien avez-vous de pains? Sept, répondirent-ils.
Alors
il fit asseoir la foule par terre, prit les sept pains, et, après avoir rendu
grâces, il les rompit, et les donna à ses disciples pour les distribuer; et ils
les distribuèrent à la foule.
Ils
avaient encore quelques petits poissons, et Jésus, ayant rendu grâces, les fit
aussi distribuer.
Ils
mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta sept corbeilles pleines des
morceaux qui restaient.
Ils
étaient environ quatre mille. Ensuite Jésus les renvoya.
Aussitôt
il monta dans la barque avec ses disciples, et se rendit dans la contrée de
Dalmanutha.
Les
pharisiens survinrent, se mirent à discuter avec Jésus, et, pour l'éprouver,
lui demandèrent un signe venant du ciel.
Jésus,
soupirant profondément en son esprit, dit: Pourquoi cette génération
demande-t-elle un signe? Je vous le dis en vérité, il ne sera point donné de
signe à cette génération.
Puis il
les quitta, et remonta dans la barque, pour passer sur l'autre bord.
Les
disciples avaient oublié de prendre des pains; ils n'en avaient qu'un seul avec
eux dans la barque.
Jésus
leur fit cette recommandation: Gardez-vous avec soin du levain des pharisiens
et du levain d'Hérode.
Les
disciples raisonnaient entre eux, et disaient: C'est parce que nous n'avons pas
de pains.
Jésus,
l'ayant connu, leur dit: Pourquoi raisonnez-vous sur ce que vous n'avez pas de
pains? Etes-vous encore sans intelligence, et ne comprenez-vous pas?
Avez-vous
le coeur endurci? Ayant des yeux, ne voyez-vous pas? Ayant des oreilles,
n'entendez-vous pas? Et n'avez-vous point de mémoire?
Quand
j'ai rompu les cinq pains pour les cinq mille hommes, combien de paniers pleins
de morceaux avez-vous emportés? Douze, lui répondirent-ils.
Et
quand j'ai rompu les sept pains pour les quatre mille hommes, combien de
corbeilles pleines de morceaux avez-vous emportées? Sept, répondirent-ils.
Et il
leur dit: Ne comprenez-vous pas encore?
Ils se
rendirent à Bethsaïda; et on amena vers Jésus un aveugle, qu'on le pria de
toucher.
Il prit
l'aveugle par la main, et le conduisit hors du village; puis il lui mit de la
salive sur les yeux, lui imposa les mains, et lui demanda s'il voyait quelque
chose.
Il
regarda, et dit: J'aperçois les hommes, mais j'en vois comme des arbres, et qui
marchent.
Jésus
lui mit de nouveau les mains sur les yeux; et, quand l'aveugle regarda
fixement, il fut guéri, et vit tout distinctement.
Alors
Jésus le renvoya dans sa maison, en disant: N'entre pas au village.
Jésus
s'en alla, avec ses disciples, dans les villages de Césarée de Philippe, et il
leur posa en chemin cette question: Qui dit-on que je suis?
Ils
répondirent: Jean Baptiste; les autres, Élie, les autres, l'un des prophètes.
Et
vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis? Pierre lui répondit: Tu es
le Christ.
Jésus
leur recommanda sévèrement de ne dire cela de lui à personne.
Alors
il commença à leur apprendre qu'il fallait que le Fils de l'homme souffrît
beaucoup, qu'il fût rejeté par les anciens, par les principaux sacrificateurs
et par les scribes, qu'il fût mis à mort, et qu'il ressuscitât trois jours
après.
Il leur
disait ces choses ouvertement. Et Pierre, l'ayant pris à part, se mit à le
reprendre.
Mais
Jésus, se retournant et regardant ses disciples, réprimanda Pierre, et dit: Arrière
de moi, Satan! car tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n'as que des
pensées humaines.
Puis,
ayant appelé la foule avec ses disciples, il leur dit: Si quelqu'un veut venir
après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me
suive.
Car
celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause
de moi et de la bonne nouvelle la sauvera.
Et que
sert-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perd son âme?
Que
donnerait un homme en échange de son âme?
Car
quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération
adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aura aussi honte de lui, quand il
viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges.
Il leur
dit encore: Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici ne
mourront point, qu'ils n'aient vu le royaume de Dieu venir avec puissance.
Six
jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il les conduisit
seuls à l'écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux;
ses
vêtements devinrent resplendissants, et d'une telle blancheur qu'il n'est pas
de foulon sur la terre qui puisse blanchir ainsi.
Élie et
Moïse leur apparurent, s'entretenant avec Jésus.
Pierre,
prenant la parole, dit à Jésus: Rabbi, il est bon que nous soyons ici; dressons
trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie.
Car il
ne savait que dire, l'effroi les ayant saisis.
Une
nuée vint les couvrir, et de la nuée sortit une voix: Celui-ci est mon Fils
bien-aimé: écoutez-le!
Aussitôt
les disciples regardèrent tout autour, et ils ne virent que Jésus seul avec
eux.
Comme
ils descendaient de la montagne, Jésus leur recommanda de ne dire à personne ce
qu'ils avaient vu, jusqu'à ce que le Fils de l'homme fût ressuscité des morts.
Ils
retinrent cette parole, se demandant entre eux ce que c'est que ressusciter des
morts.
Les
disciples lui firent cette question: Pourquoi les scribes disent-ils qu'il faut
qu'Élie vienne premièrement?
Il leur
répondit: Élie viendra premièrement, et rétablira toutes choses. Et pourquoi
est-il écrit du Fils de l'homme qu'il doit souffrir beaucoup et être méprisé?
Mais je
vous dis qu'Élie est venu, et qu'ils l'ont traité comme ils ont voulu, selon
qu'il est écrit de lui.
Lorsqu'ils
furent arrivés près des disciples, ils virent autour d'eux une grande foule, et
des scribes qui discutaient avec eux.
Dès que
la foule vit Jésus, elle fut surprise, et accourut pour le saluer.
Il leur
demanda: Sur quoi discutez-vous avec eux?
Et un
homme de la foule lui répondit: Maître, j'ai amené auprès de toi mon fils, qui
est possédé d'un esprit muet.
En
quelque lieu qu'il le saisisse, il le jette par terre; l'enfant écume, grince
des dents, et devient tout raide. J'ai prié tes disciples de chasser l'esprit,
et ils n'ont pas pu.
Race
incrédule, leur dit Jésus, jusques à quand serai-je avec vous? jusques à quand
vous supporterai-je? Amenez-le-moi. On le lui amena.
Et
aussitôt que l'enfant vit Jésus, l'esprit l'agita avec violence; il tomba par
terre, et se roulait en écumant.
Jésus
demanda au père: Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive? Depuis son
enfance, répondit-il.
Et
souvent l'esprit l'a jeté dans le feu et dans l'eau pour le faire périr. Mais,
si tu peux quelque chose, viens à notre secours, aie compassion de nous.
Jésus
lui dit: Si tu peux!... Tout est possible à celui qui croit.
Aussitôt
le père de l'enfant s'écria: Je crois! viens au secours de mon incrédulité!
Jésus,
voyant accourir la foule, menaça l'esprit impur, et lui dit: Esprit muet et
sourd, je te l'ordonne, sors de cet enfant, et n'y rentre plus.
Et il
sortit, en poussant des cris, et en l'agitant avec une grande violence.
L'enfant devint comme mort, de sorte que plusieurs disaient qu'il était mort.
Mais
Jésus, l'ayant pris par la main, le fit lever. Et il se tint debout.
Quand
Jésus fut entré dans la maison, ses disciples lui demandèrent en particulier:
Pourquoi n'avons-nous pu chasser cet esprit?
Il leur
dit: Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière.
Ils
partirent de là, et traversèrent la Galilée. Jésus ne voulait pas qu'on le sût.
Car il
enseignait ses disciples, et il leur dit: Le Fils de l'homme sera livré entre
les mains des hommes; ils le feront mourir, et, trois jours après qu'il aura
été mis à mort, il ressuscitera.
Mais
les disciples ne comprenaient pas cette parole, et ils craignaient de
l'interroger.
Ils
arrivèrent à Capernaüm. Lorsqu'il fut dans la maison, Jésus leur demanda: De
quoi discutiez-vous en chemin?
Mais
ils gardèrent le silence, car en chemin ils avaient discuté entre eux pour
savoir qui était le plus grand.
Alors
il s'assit, appela les douze, et leur dit: Si quelqu'un veut être le premier,
il sera le dernier de tous et le serviteur de tous.
Et il
prit un petit enfant, le plaça au milieu d'eux, et l'ayant pris dans ses bras,
il leur dit:
Quiconque
reçoit en mon nom un de ces petits enfants me reçoit moi-même; et quiconque me
reçoit, reçoit non pas moi, mais celui qui m'a envoyé.
Jean
lui dit: Maître, nous avons vu un homme qui chasse des démons en ton nom; et
nous l'en avons empêché, parce qu'il ne nous suit pas.
Ne l'en
empêchez pas, répondit Jésus, car il n'est personne qui, faisant un miracle en
mon nom, puisse aussitôt après parler mal de moi.
Qui
n'est pas contre nous est pour nous.
Et
quiconque vous donnera à boire un verre d'eau en mon nom, parce que vous
appartenez à Christ, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa
récompense.
Mais,
si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui croient, il vaudrait mieux pour
lui qu'on lui mît au cou une grosse meule de moulin, et qu'on le jetât dans la
mer.
Si ta
main est pour toi une occasion de chute, coupe-la; mieux vaut pour toi entrer
manchot dans la vie,
que
d'avoir les deux mains et d'aller dans la géhenne, dans le feu qui ne s'éteint
point.
Si ton
pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le; mieux vaut pour toi entrer
boiteux dans la vie,
que
d'avoir les deux pieds et d'être jeté dans la géhenne, dans le feu qui ne
s'éteint point.
Et si
ton oeil est pour toi une occasion de chute, arrache-le; mieux vaut pour toi
entrer dans le royaume de Dieu n'ayant qu'un oeil, que d'avoir deux yeux et
d'être jeté dans la géhenne,
où leur
ver ne meurt point, et où le feu ne s'éteint point.
Car
tout homme sera salé de feu.
Le sel
est une bonne chose; mais si le sel devient sans saveur, avec quoi
l'assaisonnerez-vous?
Ayez du
sel en vous-mêmes, et soyez en paix les uns avec les autres.
Jésus,
étant parti de là, se rendit dans le territoire de la Judée au delà du
Jourdain. La foule s'assembla de nouveau près de lui, et selon sa coutume, il
se mit encore à l'enseigner.
Les
pharisiens l'abordèrent; et, pour l'éprouver, ils lui demandèrent s'il est
permis à un homme de répudiée sa femme.
Il leur
répondit: Que vous a prescrit Moïse?
Moïse,
dirent-ils, a permis d'écrire une lettre de divorce et de répudier.
Et
Jésus leur dit: C'est à cause de la dureté de votre coeur que Moïse vous a
donné ce précepte.
Mais au
commencement de la création, Dieu fit l'homme et la femme;
c'est
pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme,
et les
deux deviendront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont
une seule chair.
Que
l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint.
Lorsqu'ils
furent dans la maison, les disciples l'interrogèrent encore là-dessus.
Il leur
dit: Celui qui répudie sa femme et qui en épouse une autre, commet un adultère
à son égard;
et si
une femme quitte son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère.
On lui
amena des petits enfants, afin qu'il les touchât. Mais les disciples reprirent
ceux qui les amenaient.
Jésus,
voyant cela, fut indigné, et leur dit: Laissez venir à moi les petits enfants,
et ne les en empêchez pas; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur
ressemblent.
Je vous
le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit
enfant n'y entrera point.
Puis il
les prit dans ses bras, et les bénit, en leur imposant les mains.
Comme
Jésus se mettait en chemin, un homme accourut, et se jetant à genoux devant
lui: Bon maître, lui demanda-t-il, que dois-je faire pour hériter la vie
éternelle?
Jésus
lui dit: Pourquoi m'appelles-tu bon? Il n'y a de bon que Dieu seul.
Tu
connais les commandements: Tu ne commettras point d'adultère; tu ne tueras
point; tu ne déroberas point; tu ne diras point de faux témoignage; tu ne feras
tort à personne; honore ton père et ta mère.
Il lui
répondit: Maître, j'ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse.
Jésus,
l'ayant regardé, l'aima, et lui dit: Il te manque une chose; va, vends tout ce
que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis
viens, et suis-moi.
Mais,
affligé de cette parole, cet homme s'en alla tout triste; car il avait de
grands biens.
Jésus,
regardant autour de lui, dit à ses disciples: Qu'il sera difficile à ceux qui
ont des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu!
Les
disciples furent étonnés de ce que Jésus parlait ainsi. Et, reprenant, il leur
dit: Mes enfants, qu'il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses
d'entrer dans le royaume de Dieu!
Il est
plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche
d'entrer dans le royaume de Dieu.
Les
disciples furent encore plus étonnés, et ils se dirent les uns aux autres; Et
qui peut être sauvé?
Jésus
les regarda, et dit: Cela est impossible aux hommes, mais non à Dieu: car tout
est possible à Dieu.
Pierre
se mit à lui dire; Voici, nous avons tout quitté, et nous t'avons suivi.
Jésus
répondit: Je vous le dis en vérité, il n'est personne qui, ayant quitté, à
cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses
soeurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres,
ne
reçoive au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères,
des soeurs, des mères, des enfants, et des terres, avec des persécutions, et,
dans le siècle à venir, la vie éternelle.
Plusieurs
des premiers seront les derniers, et plusieurs des derniers seront les
premiers.
Ils
étaient en chemin pour monter à Jérusalem, et Jésus allait devant eux. Les
disciples étaient troublés, et le suivaient avec crainte. Et Jésus prit de
nouveau les douze auprès de lui, et commença à leur dire ce qui devait lui
arriver:
Voici,
nous montons à Jérusalem, et le Fils de l'homme sera livré aux principaux
sacrificateurs et aux scribes. Ils le condamneront à mort, et ils le livreront
aux païens,
qui se
moqueront de lui, cracheront sur lui, le battront de verges, et le feront
mourir; et, trois jours après, il ressuscitera.
Les
fils de Zébédée, Jacques et Jean, s'approchèrent de Jésus, et lui dirent: Maître,
nous voudrions que tu fisses pour nous ce que nous te demanderons.
Il leur
dit: Que voulez-vous que je fasse pour vous?
Accorde-nous,
lui dirent-ils, d'être assis l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, quand tu
seras dans ta gloire.
Jésus
leur répondit: Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe
que je dois boire, ou être baptisés du baptême dont je dois être baptisé? Nous
le pouvons, dirent-ils.
Et
Jésus leur répondit: Il est vrai que vous boirez la coupe que je dois boire, et
que vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé;
mais
pour ce qui est d'être assis à ma droite ou à ma gauche, cela ne dépend pas de
moi, et ne sera donné qu'à ceux à qui cela est réservé.
Les
dix, ayant entendu cela, commencèrent à s'indigner contre Jacques et Jean.
Jésus
les appela, et leur dit: Vous savez que ceux qu'on regarde comme les chefs des
nations les tyrannisent, et que les grands les dominent.
Il n'en
est pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous,
qu'il soit votre serviteur;
et
quiconque veut être le premier parmi vous, qu'il soit l'esclave de tous.
Car le
Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa
vie comme la rançon de plusieurs.
Ils
arrivèrent à Jéricho. Et, lorsque Jésus en sortit, avec ses disciples et une
assez grande foule, le fils de Timée, Bartimée, mendiant aveugle, était assis
au bord du chemin.
Il
entendit que c'était Jésus de Nazareth, et il se mit à crier; Fils de David,
Jésus aie pitié de moi!
Plusieurs
le reprenaient, pour le faire taire; mais il criait beaucoup plus fort; Fils de
David, aie pitié de moi!
Jésus
s'arrêta, et dit: Appelez-le. Ils appelèrent l'aveugle, en lui disant: Prends
courage, lève-toi, il t'appelle.
L'aveugle
jeta son manteau, et, se levant d'un bond, vint vers Jésus.
Jésus,
prenant la parole, lui dit: Que veux-tu que je te fasse? Rabbouni, lui répondit
l'aveugle, que je recouvre la vue.
Et
Jésus lui dit: Va, ta foi t'a sauvé.
Aussitôt
il recouvra la vue, et suivit Jésus dans le chemin.
Lorsqu'ils
approchèrent de Jérusalem, et qu'ils furent près de Bethphagé et de Béthanie,
vers la montagne des oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples,
en leur
disant: Allez au village qui est devant vous; dès que vous y serez entrés, vous
trouverez un ânon attaché, sur lequel aucun homme ne s'est encore assis;
détachez-le, et amenez-le.
Si
quelqu'un vous dit: Pourquoi faites-vous cela? répondez: Le Seigneur en a
besoin. Et à l'instant il le laissera venir ici.
Les
disciples, étant allés, trouvèrent l'ânon attaché dehors près d'une porte, au
contour du chemin, et ils le détachèrent.
Quelques-uns
de ceux qui étaient là leur dirent: Que faites-vous? pourquoi détachez-vous cet
ânon?
Ils
répondirent comme Jésus l'avait dit. Et on les laissa aller.
Ils
amenèrent à Jésus l'ânon, sur lequel ils jetèrent leurs vêtements, et Jésus
s'assit dessus.
Beaucoup
de gens étendirent leurs vêtements sur le chemin, et d'autres des branches
qu'ils coupèrent dans les champs.
Ceux
qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient: Hosanna! Béni soit celui
qui vient au nom du Seigneur!
Béni
soit le règne qui vient, le règne de David, notre père! Hosanna dans les lieux
très hauts!
Jésus
entra à Jérusalem, dans le temple. Quand il eut tout considéré, comme il était
déjà tard, il s'en alla à Béthanie avec les douze.
Le
lendemain, après qu'ils furent sortis de Béthanie, Jésus eut faim.
Apercevant
de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s'il y trouverait
quelque chose; et, s'en étant approché, il ne trouva que des feuilles, car ce
n'était pas la saison des figues.
Prenant
alors la parole, il lui dit: Que jamais personne ne mange de ton fruit! Et ses
disciples l'entendirent.
Ils
arrivèrent à Jérusalem, et Jésus entra dans le temple. Il se mit à chasser ceux
qui vendaient et qui achetaient dans le temple; il renversa les tables des
changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons;
et il
ne laissait personne transporter aucun objet à travers le temple.
Et il
enseignait et disait: N'est-il pas écrit: Ma maison sera appelée une maison de
prière pour toutes les nations? Mais vous, vous en avez fait une caverne de
voleurs.
Les
principaux sacrificateurs et les scribes, l'ayant entendu, cherchèrent les
moyens de le faire périr; car ils le craignaient, parce que toute la foule
était frappée de sa doctrine.
Quand
le soir fut venu, Jésus sortit de la ville.
Le
matin, en passant, les disciples virent le figuier séché jusqu'aux racines.
Pierre,
se rappelant ce qui s'était passé, dit à Jésus: Rabbi, regarde, le figuier que
tu as maudit a séché.
Jésus
prit la parole, et leur dit: Ayez foi en Dieu.
Je vous
le dis en vérité, si quelqu'un dit à cette montagne: Ote-toi de là et jette-toi
dans la mer, et s'il ne doute point en son coeur, mais croit que ce qu'il dit
arrive, il le verra s'accomplir.
C'est
pourquoi je vous dis: Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous
l'avez reçu, et vous le verrez s'accomplir.
Et,
lorsque vous êtes debout faisant votre prière, si vous avez quelque chose
contre quelqu'un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans les cieux vous
pardonne aussi vos offenses.
Mais si
vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera pas
non plus vos offenses.
Ils se
rendirent de nouveau à Jérusalem, et, pendant que Jésus se promenait dans le
temple, les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens, vinrent à
lui,
et lui
dirent: Par quelle autorité fais-tu ces choses, et qui t'a donné l'autorité de
les faire?
Jésus
leur répondit: Je vous adresserai aussi une question; répondez-moi, et je vous
dirai par quelle autorité je fais ces choses.
Le
baptême de Jean venait-il du ciel, ou des hommes? Répondez-moi.
Mais
ils raisonnèrent ainsi entre eux: Si nous répondons: Du ciel, il dira: Pourquoi
donc n'avez-vous pas cru en lui?
Et si
nous répondons: Des hommes... Ils craignaient le peuple, car tous tenaient
réellement Jean pour un prophète.
Alors
ils répondirent à Jésus: Nous ne savons. Et Jésus leur dit: Moi non plus, je ne
vous dirai pas par quelle autorité je fais ces choses.
Jésus
se mit ensuite à leur parler en paraboles. Un homme planta une vigne. Il
l'entoura d'une haie, creusa un pressoir, et bâtit une tour; puis il l'afferma
à des vignerons, et quitta le pays.
Au
temps de la récolte, il envoya un serviteur vers les vignerons, pour recevoir
d'eux une part du produit de la vigne.
S'étant
saisis de lui, ils le battirent, et le renvoyèrent à vide.
Il
envoya de nouveau vers eux un autre serviteur; ils le frappèrent à la tête, et
l'outragèrent.
Il en
envoya un troisième, qu'ils tuèrent; puis plusieurs autres, qu'ils battirent ou
tuèrent.
Il
avait encore un fils bien-aimé; il l'envoya vers eux le dernier, en disant: Ils
auront du respect pour mon fils.
Mais
ces vignerons dirent entre eux: Voici l'héritier; venez, tuons-le, et
l'héritage sera à nous.
Et ils
se saisirent de lui, le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne.
Maintenant,
que fera le maître de la vigne? Il viendra, fera périr les vignerons, et il
donnera la vigne à d'autres.
N'avez-vous
pas lu cette parole de l'Écriture: La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient
Est devenue la principale de l'angle;
C'est
par la volonté du Seigneur qu'elle l'est devenue, Et c'est un prodige à nos
yeux?
Ils
cherchaient à se saisir de lui, mais ils craignaient la foule. Ils avaient
compris que c'était pour eux que Jésus avait dit cette parabole. Et ils le
quittèrent, et s'en allèrent.
Ils
envoyèrent auprès de Jésus quelques-uns des pharisiens et des hérodiens, afin
de le surprendre par ses propres paroles.
Et ils
vinrent lui dire: Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu ne t'inquiètes
de personne; car tu ne regardes pas à l'apparence des hommes, et tu enseignes
la voie de Dieu selon la vérité. Est-il permis, ou non, de payer le tribut à
César? Devons-nous payer, ou ne pas payer?
Jésus,
connaissant leur hypocrisie, leur répondit: Pourquoi me tentez-vous?
Apportez-moi un denier, afin que je le voie.
Ils en
apportèrent un; et Jésus leur demanda: De qui sont cette effigie et cette
inscription? De César, lui répondirent-ils.
Alors
il leur dit: Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Et
ils furent à son égard dans l'étonnement.
Les
sadducéens, qui disent qu'il n'y a point de résurrection, vinrent auprès de
Jésus, et lui firent cette question:
Maître,
voici ce que Moïse nous a prescrit: Si le frère de quelqu'un meurt, et laisse
une femme, sans avoir d'enfants, son frère épousera sa veuve, et suscitera une
postérité à son frère.
Or, il
y avait sept frères. Le premier se maria, et mourut sans laisser de postérité.
Le
second prit la veuve pour femme, et mourut sans laisser de postérité. Il en fut
de même du troisième,
et
aucun des sept ne laissa de postérité. Après eux tous, la femme mourut aussi.
A la
résurrection, duquel d'entre eux sera-t-elle la femme? Car les sept l'ont eue
pour femme.
Jésus
leur répondit: N'êtes-vous pas dans l'erreur, parce que vous ne comprenez ni
les Écritures, ni la puissance de Dieu?
Car, à
la résurrection des morts, les hommes ne prendront point de femmes, ni les
femmes de maris, mais ils seront comme les anges dans les cieux.
Pour ce
qui est de la résurrection des morts, n'avez-vous pas lu, dans le livre de
Moïse, ce que Dieu lui dit, à propos du buisson: Je suis le Dieu d'Abraham, le
Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob?
Dieu
n'est pas Dieu des morts, mais des vivants. Vous êtes grandement dans l'erreur.
Un des
scribes, qui les avait entendus discuter, sachant que Jésus avait bien répondu
aux sadducéens, s'approcha, et lui demanda: Quel est le premier de tous les
commandements?
Jésus
répondit: Voici le premier: Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est
l'unique Seigneur;
et: Tu
aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta
pensée, et de toute ta force.
Voici
le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas d'autre
commandement plus grand que ceux-là.
Le
scribe lui dit: Bien, maître; tu as dit avec vérité que Dieu est unique, et
qu'il n'y en a point d'autre que lui,
et que
l'aimer de tout son coeur, de toute sa pensée, de toute son âme et de toute sa
force, et aimer son prochain comme soi-même, c'est plus que tous les
holocaustes et tous les sacrifices.
Jésus,
voyant qu'il avait répondu avec intelligence, lui dit: Tu n'es pas loin du
royaume de Dieu. Et personne n'osa plus lui proposer des questions.
Jésus,
continuant à enseigner dans le temple, dit: Comment les scribes disent-ils que
le Christ est fils de David?
David
lui-même, animé par l'Esprit Saint, a dit: Le Seigneur a dit à mon Seigneur:
Assieds-toi à ma droite, Jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied.
David
lui-même l'appelle Seigneur; comment donc est-il son fils? Et une grande foule
l'écoutait avec plaisir.
Il leur
disait dans son enseignement: Gardez-vous des scribes, qui aiment à se promener
en robes longues, et à être salués dans les places publiques;
qui
recherchent les premiers sièges dans les synagogues, et les premières places
dans les festins;
qui
dévorent les maisons des veuves, et qui font pour l'apparence de longues
prières. Ils seront jugés plus sévèrement.
Jésus,
s'étant assis vis-à-vis du tronc, regardait comment la foule y mettait de
l'argent. Plusieurs riches mettaient beaucoup.
Il vint
aussi une pauvre veuve, elle y mit deux petites pièces, faisant un quart de
sou.
Alors
Jésus, ayant appelé ses disciples, leur dit: Je vous le dis en vérité, cette
pauvre veuve a donné plus qu'aucun de ceux qui ont mis dans le tronc;
car
tous ont mis de leur superflu, mais elle a mis de son nécessaire, tout ce
qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre.
Lorsque
Jésus sortit du temple, un de ses disciples lui dit: Maître, regarde quelles
pierres, et quelles constructions!
Jésus
lui répondit: Vois-tu ces grandes constructions? Il ne restera pas pierre sur
pierre qui ne soit renversée.
Il
s'assit sur la montagne des oliviers, en face du temple. Et Pierre, Jacques,
Jean et André lui firent en particulier cette question:
Dis-nous,
quand cela arrivera-t-il, et à quel signe connaîtra-t-on que toutes ces choses
vont s'accomplir?
Jésus
se mit alors à leur dire: Prenez garde que personne ne vous séduise.
Car
plusieurs viendront sous mon nom, disant; C'est moi. Et ils séduiront beaucoup
de gens.
Quand
vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres, ne soyez pas
troublés, car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la
fin.
Une
nation s'élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume; il y aura
des tremblements de terre en divers lieux, il y aura des famines. Ce ne sera
que le commencement des douleurs.
Prenez
garde à vous-mêmes. On vous livrera aux tribunaux, et vous serez battus de
verges dans les synagogues; vous comparaîtrez devant des gouverneurs et devant
des rois, à cause de moi, pour leur servir de témoignage.
Il faut
premièrement que la bonne nouvelle soit prêchée à toutes les nations.
Quand
on vous emmènera pour vous livrer, ne vous inquiétez pas d'avance de ce que
vous aurez à dire, mais dites ce qui vous sera donné à l'heure même; car ce
n'est pas vous qui parlerez, mais l'Esprit Saint.
Le
frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant; les enfants se
soulèveront contre leurs parents, et les feront mourir.
Vous
serez haïs de tous, à cause de mon nom, mais celui qui persévérera jusqu'à la
fin sera sauvé.
Lorsque
vous verrez l'abomination de la désolation établie là où elle ne doit pas être,
-que celui qui lit fasse attention, -alors, que ceux qui seront en Judée fuient
dans les montagnes;
que
celui qui sera sur le toit ne descende pas et n'entre pas pour prendre quelque
chose dans sa maison;
et que
celui qui sera dans les champs ne retourne pas en arrière pour prendre son
manteau.
Malheur
aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là!
Priez
pour que ces choses n'arrivent pas en hiver.
Car la
détresse, en ces jours, sera telle qu'il n'y en a point eu de semblable depuis
le commencement du monde que Dieu a créé jusqu'à présent, et qu'il n'y en aura
jamais.
Et, si
le Seigneur n'avait abrégé ces jours, personne ne serait sauvé; mais il les a
abrégés, à cause des élus qu'il a choisis.
Si
quelqu'un vous dit alors: "Le Christ est ici", ou: "Il est
là", ne le croyez pas.
Car il
s'élèvera de faux Christs et de faux prophètes; ils feront des prodiges et des
miracles pour séduire les élus, s'il était possible.
Soyez
sur vos gardes: je vous ai tout annoncé d'avance.
Mais
dans ces jours, après cette détresse, le soleil s'obscurcira, la lune ne
donnera plus sa lumière,
les
étoiles tomberont du ciel, et les puissances qui sont dans les cieux seront
ébranlées.
Alors
on verra le Fils de l'homme venant sur les nuées avec une grande puissance et
avec gloire.
Alors
il enverra les anges, et il rassemblera les élus des quatre vents, de
l'extrémité de la terre jusqu'à l'extrémité du ciel.
Instruisez-vous
par une comparaison tirée du figuier. Dès que ses branches deviennent tendres,
et que les feuilles poussent, vous connaissez que l'été est proche.
De
même, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le Fils de l'homme est
proche, à la porte.
Je vous
le dis en vérité, cette génération ne passera point, que tout cela n'arrive.
Le ciel
et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.
Pour ce
qui est du jour ou de l'heure, personne ne le sait, ni les anges dans le ciel,
ni le Fils, mais le Père seul.
Prenez
garde, veillez et priez; car vous ne savez quand ce temps viendra.
Il en
sera comme d'un homme qui, partant pour un voyage, laisse sa maison, remet
l'autorité à ses serviteurs, indique à chacun sa tâche, et ordonne au portier
de veiller.
Veillez
donc, car vous ne savez quand viendra le maître de la maison, ou le soir, ou au
milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou le matin;
craignez
qu'il ne vous trouve endormis, à son arrivée soudaine.
Ce que
je vous dis, je le dis à tous: Veillez.
La fête
de Pâque et des pains sans levain devait avoir lieu deux jours après. Les
principaux sacrificateurs et les scribes cherchaient les moyens d'arrêter Jésus
par ruse, et de le faire mourir.
Car ils
disaient: Que ce ne soit pas pendant la fête, afin qu'il n'y ait pas de tumulte
parmi le peuple.
Comme
Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme entra,
pendant qu'il se trouvait à table. Elle tenait un vase d'albâtre, qui
renfermait un parfum de nard pur de grand prix; et, ayant rompu le vase, elle
répandit le parfum sur la tête de Jésus.
Quelques-uns
exprimèrent entre eux leur indignation: A quoi bon perdre ce parfum?
On
aurait pu le vendre plus de trois cents deniers, et les donner aux pauvres. Et
ils s'irritaient contre cette femme.
Mais
Jésus dit: Laissez-la. Pourquoi lui faites-vous de la peine? Elle a fait une
bonne action à mon égard;
car
vous avez toujours les pauvres avec vous, et vous pouvez leur faire du bien
quand vous voulez, mais vous ne m'avez pas toujours.
Elle a
fait ce qu'elle a pu; elle a d'avance embaumé mon corps pour la sépulture.
Je vous
le dis en vérité, partout où la bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde
entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu'elle a fait.
Judas
Iscariot, l'un des douze, alla vers les principaux sacrificateurs, afin de leur
livrer Jésus.
Après
l'avoir entendu, ils furent dans la joie, et promirent de lui donner de
l'argent. Et Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.
Le
premier jour des pains sans levain, où l'on immolait la Pâque, les disciples de
Jésus lui dirent: Où veux-tu que nous allions te préparer la Pâque?
Et il
envoya deux de ses disciples, et leur dit: Allez à la ville; vous rencontrerez
un homme portant une cruche d'eau, suivez-le.
Quelque
part qu'il entre, dites au maître de la maison: Le maître dit: Où est le lieu
où je mangerai la Pâque avec mes disciples?
Et il
vous montrera une grande chambre haute, meublée et toute prête: c'est là que
vous nous préparerez la Pâque.
Les
disciples partirent, arrivèrent à la ville, et trouvèrent les choses comme il
le leur avait dit; et ils préparèrent la Pâque.
Le soir
étant venu, il arriva avec les douze.
Pendant
qu'ils étaient à table et qu'ils mangeaient, Jésus dit: Je vous le dis en
vérité, l'un de vous, qui mange avec moi, me livrera.
Ils
commencèrent à s'attrister, et à lui dire, l'un après l'autre: Est-ce moi?
Il leur
répondit: C'est l'un des douze, qui met avec moi la main dans le plat.
Le Fils
de l'homme s'en va selon ce qui est écrit de lui. Mais malheur à l'homme par
qui le Fils de l'homme est livré! Mieux vaudrait pour cet homme qu'il ne fût
pas né.
Pendant
qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le
rompit, et le leur donna, en disant: Prenez, ceci est mon corps.
Il prit
ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, et ils en
burent tous.
Et il
leur dit: Ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour
plusieurs.
Je vous
le dis en vérité, je ne boirai plus jamais du fruit de la vigne, jusqu'au jour
où je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu.
Après
avoir chanté les cantiques, ils se rendirent à la montagne des oliviers.
Jésus
leur dit: Vous serez tous scandalisés; car il est écrit: Je frapperai le
berger, et les brebis seront dispersées.
Mais,
après que je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée.
Pierre
lui dit: Quand tous seraient scandalisés, je ne serai pas scandalisé.
Et
Jésus lui dit: Je te le dis en vérité, toi, aujourd'hui, cette nuit même, avant
que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois.
Mais
Pierre reprit plus fortement: Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te
renierai pas. Et tous dirent la même chose.
Ils
allèrent ensuite dans un lieu appelé Gethsémané, et Jésus dit à ses disciples: Asseyez-vous
ici, pendant que je prierai.
Il prit
avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à éprouver de la frayeur et
des angoisses.
Il leur
dit: Mon âme est triste jusqu'à la mort; restez ici, et veillez.
Puis,
ayant fait quelques pas en avant, il se jeta contre terre, et pria que, s'il
était possible, cette heure s'éloignât de lui.
Il
disait: Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette
coupe! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.
Et il
vint vers les disciples, qu'il trouva endormis, et il dit à Pierre: Simon, tu
dors! Tu n'as pu veiller une heure!
Veillez
et priez, afin que vous ne tombiez pas en tentation; l'esprit est bien disposé,
mais la chair est faible.
Il
s'éloigna de nouveau, et fit la même prière.
Il
revint, et les trouva encore endormis; car leurs yeux étaient appesantis. Ils
ne surent que lui répondre.
Il
revint pour la troisième fois, et leur dit: Dormez maintenant, et reposez-vous!
C'est assez! L'heure est venue; voici, le Fils de l'homme est livré aux mains
des pécheurs.
Levez-vous,
allons; voici, celui qui me livre s'approche.
Et
aussitôt, comme il parlait encore, arriva Judas l'un des douze, et avec lui une
foule armée d'épées et de bâtons, envoyée par les principaux sacrificateurs,
par les scribes et par les anciens.
Celui
qui le livrait leur avait donné ce signe: Celui que je baiserai, c'est lui;
saisissez-le, et emmenez-le sûrement.
Dès
qu'il fut arrivé, il s'approcha de Jésus, disant: Rabbi! Et il le baisa.
Alors
ces gens mirent la main sur Jésus, et le saisirent.
Un de
ceux qui étaient là, tirant l'épée, frappa le serviteur du souverain
sacrificateur, et lui emporta l'oreille.
Jésus,
prenant la parole, leur dit: Vous êtes venus, comme après un brigand, avec des
épées et des bâtons, pour vous emparer de moi.
J'étais
tous les jours parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m'avez pas
saisi. Mais c'est afin que les Écritures soient accomplies.
Alors
tous l'abandonnèrent, et prirent la fuite.
Un
jeune homme le suivait, n'ayant sur le corps qu'un drap. On se saisit de lui;
mais il
lâcha son vêtement, et se sauva tout nu.
Ils
emmenèrent Jésus chez le souverain sacrificateur, où s'assemblèrent tous les
principaux sacrificateurs, les anciens et les scribes.
Pierre
le suivit de loin jusque dans l'intérieur de la cour du souverain
sacrificateur; il s'assit avec les serviteurs, et il se chauffait près du feu.
Les
principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin cherchaient un témoignage contre
Jésus, pour le faire mourir, et ils n'en trouvaient point;
car
plusieurs rendaient de faux témoignages contre lui, mais les témoignages ne
s'accordaient pas.
Quelques-uns
se levèrent, et portèrent un faux témoignage contre lui, disant:
Nous
l'avons entendu dire: Je détruirai ce temple fait de main d'homme, et en trois
jours j'en bâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d'homme.
Même
sur ce point-là leur témoignage ne s'accordait pas.
Alors
le souverain sacrificateur, se levant au milieu de l'assemblée, interrogea
Jésus, et dit: Ne réponds-tu rien? Qu'est-ce que ces gens déposent contre toi?
Jésus
garda le silence, et ne répondit rien. Le souverain sacrificateur l'interrogea
de nouveau, et lui dit: Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni?
Jésus
répondit: Je le suis. Et vous verrez le Fils de l'homme assis à la droite de la
puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel.
Alors
le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, et dit: Qu'avons-nous encore
besoin de témoins?
Vous
avez entendu le blasphème. Que vous en semble? Tous le condamnèrent comme
méritant la mort.
Et
quelques-uns se mirent à cracher sur lui, à lui voiler le visage et à le
frapper à coups de poing, en lui disant: Devine! Et les serviteurs le reçurent
en lui donnant des soufflets.
Pendant
que Pierre était en bas dans la cour, il vint une des servantes du souverain
sacrificateur.
Voyant
Pierre qui se chauffait, elle le regarda, et lui dit: Toi aussi, tu étais avec
Jésus de Nazareth.
Il le
nia, disant: Je ne sais pas, je ne comprends pas ce que tu veux dire. Puis il
sortit pour aller dans le vestibule. Et le coq chanta.
La
servante, l'ayant vu, se mit de nouveau à dire à ceux qui étaient présents:
Celui-ci est de ces gens-là. Et il le nia de nouveau.
Peu
après, ceux qui étaient présents dirent encore à Pierre: Certainement tu es de
ces gens-là, car tu es Galiléen.
Alors
il commença à faire des imprécations et à jurer: Je ne connais pas cet homme
dont vous parlez.
Aussitôt,
pour la seconde fois, le coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole que
Jésus lui avait dite: Avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois
fois. Et en y réfléchissant, il pleurait.
Dès le
matin, les principaux sacrificateurs tinrent conseil avec les anciens et les
scribes, et tout le sanhédrin. Après avoir lié Jésus, ils l'emmenèrent, et le
livrèrent à Pilate.
Pilate
l'interrogea: Es-tu le roi des Juifs? Jésus lui répondit: Tu le dis.
Les
principaux sacrificateurs portaient contre lui plusieurs accusations.
Pilate
l'interrogea de nouveau: Ne réponds-tu rien? Vois de combien de choses ils
t'accusent.
Et
Jésus ne fit plus aucune réponse, ce qui étonna Pilate.
A
chaque fête, il relâchait un prisonnier, celui que demandait la foule.
Il y
avait en prison un nommé Barabbas avec ses complices, pour un meurtre qu'ils
avaient commis dans une sédition.
La
foule, étant montée, se mit à demander ce qu'il avait coutume de leur accorder.
Pilate
leur répondit: Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juif?
Car il
savait que c'était par envie que les principaux sacrificateurs l'avaient livré.
Mais
les chefs des sacrificateurs excitèrent la foule, afin que Pilate leur relâchât
plutôt Barabbas.
Pilate,
reprenant la parole, leur dit: Que voulez-vous donc que je fasse de celui que
vous appelez le roi des Juifs?
Ils
crièrent de nouveau: Crucifie-le!
Pilate
leur dit: Quel mal a-t-il fait? Et ils crièrent encore plus fort: Crucifie-le!
Pilate,
voulant satisfaire la foule, leur relâcha Barabbas; et, après avoir fait battre
de verges Jésus, il le livra pour être crucifié.
Les
soldats conduisirent Jésus dans l'intérieur de la cour, c'est-à-dire, dans le
prétoire, et ils assemblèrent toute la cohorte.
Ils le
revêtirent de pourpre, et posèrent sur sa tête une couronne d'épines, qu'ils
avaient tressée.
Puis
ils se mirent à le saluer: Salut, roi des Juifs!
Et ils
lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et, fléchissant les
genoux, ils se prosternaient devant lui.
Après
s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent la pourpre, lui remirent ses
vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier.
Ils
forcèrent à porter la croix de Jésus un passant qui revenait des champs, Simon
de Cyrène, père d'Alexandre et de Rufus;
et ils
conduisirent Jésus au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne.
Ils lui
donnèrent à boire du vin mêlé de myrrhe, mais il ne le prit pas.
Ils le
crucifièrent, et se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir ce
que chacun aurait.
C'était
la troisième heure, quand ils le crucifièrent.
L'inscription
indiquant le sujet de sa condamnation portait ces mots: Le roi des Juifs.
Ils
crucifièrent avec lui deux brigands, l'un à sa droite, et l'autre à sa gauche.
Ainsi
fut accompli ce que dit l'Écriture: Il a été mis au nombre des malfaiteurs.
Les
passants l'injuriaient, et secouaient la tête, en disant: Hé! toi qui détruis
le temple, et qui le rebâtis en trois jours,
sauve-toi
toi-même, en descendant de la croix!
Les
principaux sacrificateurs aussi, avec les scribes, se moquaient entre eux, et
disaient: Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même!
Que le
Christ, le roi d'Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous voyions
et que nous croyions! Ceux qui étaient crucifiés avec lui l'insultaient aussi.
La
sixième heure étant venue, il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la
neuvième heure.
Et à la
neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte: Éloï, Éloï, lama sabachthani?
ce qui signifie: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?
Quelques-uns
de ceux qui étaient là, l'ayant entendu, dirent: Voici, il appelle Élie.
Et l'un
d'eux courut remplir une éponge de vinaigre, et, l'ayant fixée à un roseau, il
lui donna à boire, en disant: Laissez, voyons si Élie viendra le descendre.
Mais
Jésus, ayant poussé un grand cri, expira.
Le
voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas.
Le
centenier, qui était en face de Jésus, voyant qu'il avait expiré de la sorte,
dit: Assurément, cet homme était Fils de Dieu.
Il y
avait aussi des femmes qui regardaient de loin. Parmi elles étaient Marie de
Magdala, Marie, mère de Jacques le mineur et de Joses, et Salomé,
qui le
suivaient et le servaient lorsqu'il était en Galilée, et plusieurs autres qui
étaient montées avec lui à Jérusalem.
Le soir
étant venu, comme c'était la préparation, c'est-à-dire, la veille du sabbat, -
arriva
Joseph d'Arimathée, conseiller de distinction, qui lui-même attendait aussi le
royaume de Dieu. Il osa se rendre vers Pilate, pour demander le corps de Jésus.
Pilate
s'étonna qu'il fût mort si tôt; fit venir le centenier et lui demanda s'il
était mort depuis longtemps.
S'en
étant assuré par le centenier, il donna le corps à Joseph.
Et
Joseph, ayant acheté un linceul, descendit Jésus de la croix, l'enveloppa du
linceul, et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc. Puis il roula une
pierre à l'entrée du sépulcre.
Marie
de Magdala, et Marie, mère de Joses, regardaient où on le mettait.
Lorsque
le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé,
achetèrent des aromates, afin d'aller embaumer Jésus.
Le
premier jour de la semaine, elles se rendirent au sépulcre, de grand matin,
comme le soleil venait de se lever.
Elles
disaient entre elles: Qui nous roulera la pierre loin de l'entrée du sépulcre?
Et,
levant les yeux, elles aperçurent que la pierre, qui était très grande, avait
été roulée.
Elles
entrèrent dans le sépulcre, virent un jeune homme assis à droite vêtu d'une
robe blanche, et elles furent épouvantées.
Il leur
dit: Ne vous épouvantez pas; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été
crucifié; il est ressuscité, il n'est point ici; voici le lieu où on l'avait
mis.
Mais
allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il vous précède en Galilée: c'est là
que vous le verrez, comme il vous l'a dit.
Elles
sortirent du sépulcre et s'enfuirent. La peur et le trouble les avaient
saisies; et elles ne dirent rien à personne, à cause de leur effroi.
Jésus,
étant ressuscité le matin du premier jour de la semaine, apparut d'abord à
Marie de Magdala, de laquelle il avait chassé sept démons.
Elle
alla en porter la nouvelle à ceux qui avaient été avec lui, et qui
s'affligeaient et pleuraient.
Quand
ils entendirent qu'il vivait, et qu'elle l'avait vu, ils ne le crurent point.
Après
cela, il apparut, sous une autre forme, à deux d'entre eux qui étaient en chemin
pour aller à la campagne.
Ils
revinrent l'annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus.
Enfin,
il apparut aux onze, pendant qu'ils étaient à table; et il leur reprocha leur
incrédulité et la dureté de leur coeur, parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui
l'avaient vu ressuscité.
Puis il
leur dit: Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la
création.
Celui
qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera
condamné.
Voici
les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront
les démons; ils parleront de nouvelles langues;
ils
saisiront des serpents; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur
feront point de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades,
seront guéris.
Le
Seigneur, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel, et il s'assit à la droite
de Dieu.
Et ils
s'en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait
la parole par les miracles qui l'accompagnaient.